Aller au contenu principal

Bail rural : avoir la qualité pour contracter.

À l'occasion de la conclusion d'un bail rural ou d'un acte qui y est attaché, les parties sont amenées à discuter et à convenir de ses conditions : la forme, le prix, la durée... Mais, comme le rappellent deux décisions récentes de la Cour de cassation, s'assurer de la qualité des parties à pouvoir contracter est essentielle pour ne pas risquer de remettre en cause la validité d'un accord et des droits qui suivront.

Toute cession de bail est interdite, sauf si la cession est consentie, avec l'agrément du bailleur, au profit du conjoint ou du partenaire d'un pacte civil de solidarité du preneur participant à l'exploitation ou aux descendants du preneur.
Toute cession de bail est interdite, sauf si la cession est consentie, avec l'agrément du bailleur, au profit du conjoint ou du partenaire d'un pacte civil de solidarité du preneur participant à l'exploitation ou aux descendants du preneur.
© © Fotolia

Annulation du bail : conclu par l'usufruitier seul, pas d'indemnisation des améliorations

Les faits : un couple de propriétaires donne la nue-propriété de diverses terres agricoles à leur fils et conserve l'usufruit pour eux-mêmes. Postérieurement à la donation, le père donne à bail les terres en question sans l'accord de son fils. Suite au décès de son père, le fils demande l'annulation des baux conclus sans son accord. Les premiers juges prononcent l'annulation et ordonnent une expertise pour fixer l'indemnité d'amélioration sollicitée par le preneur évincé. Le propriétaire conteste en invoquant que : l'indemnité au preneur sortant n'est due qu'en cas de non-renouvellement ou de résiliation du bail, pas d'annulation.

Solution : le Code rural prévoit une obligation d'indemniser le fermier sortant pour les améliorations apportées au fonds en cours de bail. Mais encore faut-il être fermier pour y prétendre. Or, la conclusion d'un bail rural implique la signature de l'usufruitier et du nu-propriétaire, même si seul le premier a la qualité de bailleur et perçoit le fermage. À défaut de cette signature, le bail peut être annulé à la demande du nu-propriétaire. La nullité emporte alors l'effacement rétroactif du bail : il est considéré comme n'ayant jamais existé. Le bail n'ayant jamais existé, l'agriculteur n'a jamais été fermier et ne peut donc prétendre à une indemnisation des améliorations réalisées sur le fonds.

Décision de la Cour de cassation, Chambre civile 3, du 11 juillet 2024.

Cession du bail : un neveu n'est pas un descendant

Les faits : en 1981 des propriétaires consentent un bail rural à un agriculteur. Le fermier met les terres louées à disposition d'un Gaec. Bien des années plus tard, le neveu du fermier s'associe au Gaec, puis, au départ en retraite du fermier, poursuit l'exploitation sur les parcelles données à bail avec, semble-t-il, l'accord au moins tacite des bailleurs : ceux-ci ont encaissé les fermages payés par le neveu pendant plusieurs années. Cependant, au bout de quelques années, les bailleurs ont demandé la résiliation du bail pour cause de cession illicite.

Solution : la Cour de cassation rappelle le principe très clair posé par le code rural : toute cession de bail est interdite, sauf si la cession est consentie, avec l'agrément du bailleur, au profit du conjoint ou du partenaire d'un pacte civil de solidarité du preneur participant à l'exploitation ou aux descendants du preneur. Par définition, un neveu ne rentre dans aucune de ces catégories. Dès lors, il ne peut pas y avoir de cession de bail à un neveu. L'accord du bailleur peut-il changer cela ? Pour la Cour de cassation, manifestement, la réponse est non : le Code rural est clair et la volonté des parties ne permet pas de réécrire la loi.

Cour de cassation, Chambre civile 3, 11 juillet 2024.

La rédaction d'un écrit, d'un projet d'acte et le recours à un professionnel du droit sont recommandés pour permettre d'effectuer ses vérifications et éviter d'invalider un contrat.

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout l'Eure Agricole.

Les plus lus

Pour vos festins de fin d’année, mettez à l’honneur les produits locaux dans vos assiettes

Les confitures et les pâtes de fruit euroises constituent des cadeaux d’exception pour les fêtes de fin d’année.

Manifestation le 7 juillet 2024 près de l'ambassade du Brésil à Paris. 
Mercosur : la France lâche du lest... et ses agriculteurs ?
Le président de la République a indiqué que la France pourrait très certainement apposer sa signature en bas du Traité du…
Colza de pois à 6 feuilles.
Premier bilan du projet visant à mieux gérer les graminées adventices à l'échelle de la rotation.
Les agriculteurs sont confrontés à une pression croissante des graminées hivernales (ray-grass, vulpin...). Cette situation…
Dans un contexte où les jeunes peinent à s'installer, favoriser la reprise par les familles est un levier essentiel.
Droit de reprise par une société familiale : la Cour de cassation met fin à des années d'incertitude.
À travers un simple congé pour reprise, les juges ont clarifié une question : dans quelles conditions une société familiale…
L'implantation, premier levier de maîtrise pour les pois et féveroles d'hiver.
La phase de semis approche pour les pois et les féveroles d'hiver. Afin de minimiser le risque de maladie et de maîtriser au…
Pour vos festins de fin d’année, mettez à l’honneur les produits locaux dans vos assiettes.

La Ferme de la Broche est prête pour le rush des réveillons de Noël et du jour de l’An.

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 185€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site l'Eure Agricole
Consultez le journal l'Eure Agricole au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters du journal de l'Eure Agricole